L'aspect moderne et social de la base religieuse du mouvement Gülen

M. Fethullah Gülen a reçu une formation religieuse caractéristique issue du soufisme. Ces bases spirituelles ont clairement influencé toutes ses activités dans le domaine personnel et social. Le fait que la religion demeure aujourd'hui une partie vitale de la vie de l'être humain, de la société et de l'éducation démontre qu'elle possède malgré tout un remarquable pouvoir d'organisation et d'encouragement, et une force de motivation qui révèle le potentiel caché de l'être humain.

Depuis au moins deux siècles, l'humanité a négligé l'importance de cet aspect motivant de la religion. C'était en même temps un choix conscient de la vision laïque et matérialiste à l'extrême de l'époque. Depuis le 18ème siècle, de T. Woolston à Frédéric le Grand, de Voltaire à Comte et F. Engels, de M. Müller à Freud, Marx et A. E. Crawley, puis jusqu'aux années 1960 et 1970 avec Peter Berger et Bryan Wilson, de nombreux penseurs étaient convaincus que la fin de la religion était proche. En fait ils s'étaient perdus dans l'illusion de leurs propres prémisses intellectuelles, philosophiques et scientifiques.

L' « idée fixe » du laïcisme que la religion allait disparaître était fondée sur le développement de l'industrialisation, de l'urbanisation et de la rationalisation – c'est-à-dire les éléments de base du processus de modernisation. Cela reflétait l'essence des théories de la modernisation. Le principe fondateur de la modernisation était l'idéologie de la laïcisation – affirmant en bref que la religion serait dépourvue de toute pratique sociale et qu'un style de vie matérialiste dirigerait la destinée des sociétés.

Bien avant d'atteindre la fin du millénaire apparurent des signes nous avertissant que l'idéologie du « laïcisme » était menacée. La dynamique de la transformation et de la mobilité sociales avait dévié du chemin tracé par les attentes positivistes des « Lumières ». La religiosité s'était développée au coeur même du modernisme et du laïcisme, prenant des formes nouvelles et vitales qui commençaient à se manifester. Ceci fut interprété par de nombreux spécialistes des sciences humaines comme « le retour du Divin ». Mais d'autres spécialistes évaluaient cette même situation en disant que « le Divin ne nous avait jamais quitté ! » Le fait que la religiosité avait pris des formes nouvelles et originales démontrait que la théorie de l'incompatibilité entre la religiosité et la modernité ne tenait pas. La modernité a donné naissance à de nombreux courants anti-laïcs qui n'étaient pas seulement religieux. Les preuves et les exemples les plus flagrants de ce fait furent les identités et mouvements religieux, et les nouveaux mouvements sociaux. Aujourd'hui, partout dans le monde, la religion n'est pas seulement préoccupée par les besoins rudimentaires de la population rurale et des villageois sans instruction. Au contraire, elle présente une image de jeunesse, de citadins instruits qui réussissent, et de sections de la société qui ont été élevées sur les principes de la rationalité. Aujourd'hui des voitures flambant neuves sont bénies dans de splendides temples shintoïstes. Au pays de Karl Marx, la Russie, les gens affluent à l'église sous un régime moins sévère qu'il ne l'a été, comme ils le font également en Chine communiste. Et malgré tout ce laïcisme et cette modernisation, s'il n'est pas en déclin l'athéisme est tout sauf une valeur montante.

Quand on étudie les théories développées par Weber sur la motivation positive que l'éthique protestante a fournie au capitalisme contemporain et les instincts de travail commerciaux et financiers, on observe la base rationnelle du développement de la religion dans les dernières sociétés modernes. Mais dans le système de Weber, la religion, tout en stimulant les relations financières, est paradoxalement elle-même soumise à une rationalisation par les valeurs de la société moderne. Je crois que la tendance de la religion à devenir une valeur montante ces derniers temps est plus universelle, cohérente, équilibrée et positive que dans la période de Weber. Dans des mouvements tels que celui de Gülen, l'équilibre entre la religion, la science, l'éducation et les relations sociales en est une preuve claire.

Dans cette longue préface, j'ai essayé d'esquisser un panorama de la confrontation entre les temps modernes et la religion. L'image dépeinte n'inclut naturellement pas toutes les transformations socioculturelles de l'époque. Cependant, j'ai essayé de montrer, à travers le processus de modernisation lui-même et ses éléments, comment ce processus pourrait céder la place à une tendance où les différences culturelles et ethniques pourraient se transformer en un choc des cultures et des civilisations qui menacerait le futur de l'humanité. J'ai également voulu indiquer les bases historiques et sociales du dialogue et de l'initiative de tolérance du mouvement Gülen qui perçoit les différences religieuses, ethniques et culturelles comme une précieuse richesse. Jetons maintenant un coup d'oeil à la vie de cet homme qui a donné à ce mouvement son identité globale.

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