Gülen en tant qu'éducateur et enseignant de religion

J'ai d'abord été amené à connaître les établissements scolaires dirigés par des membres du mouvement de M. Gülen. Cela m'a poussé à étudier ses écrits afin de découvrir le raisonnement qui gît derrière le projet d'éducation qui a suivi la vision de Fethullah Gülen et de ses collègues.

Pour commencer, il est nécessaire de préciser d'emblée la relation de M. Gülen avec les écoles qui sont facilement appelées «les écoles Gülen» ou encore «les écoles du mouvement Gülen». M. Gülen se décrit principalement comme un éducateur. Toutefois, il s'attache à faire une distinction claire entre l'éducation et l'enseignement. «La majorité des êtres humains peuvent devenir enseignants, mais le nombre d'éducateurs est très limité», a-t-il déclaré.[1]

Il a aussi rappelé qu'aucune école ne lui appartenait. «Je suis las d'avoir à répéter que je ne possède aucune école», soupire-t-il avec exaspération.[2]

Les écoles ont été créées à la suite d'accords individuels entre les pays qui les accueillent et les compagnies d'enseignement fondées dans ce but. Chaque école est une institution gérée indépendamment, mais la plupart d'entre elles s'appuient sur les services de compagnies turques pour pourvoir aux dépenses scolaires et aux ressources humaines.

Ma première rencontre avec l'une de ces écoles date de 1995, à Zamboanga, dans l'île de Mindanao au sud des Philippines, quand j'ai appris qu'il y avait une école «turque» à quelques kilomètres de la ville. En m'approchant de l'école, la première chose qui attira mon attention fut la grande enseigne à l'entrée du bâtiment où on lisait: «Ecole de Tolérance Philippine et Turque». C'était une assertion étonnante à Zamboanga, ville où cohabitent 50% de chrétiens et 50% de musulmans, située dans une région où pendant plus de vingt ans divers mouvements séparatistes Moro (musulmans) étaient aux prises dans un combat armé contre les forces militaires du gouvernement des Philippines. Dans une région où le kidnapping est chose courante, tout comme la lutte des guérillas, les raids arbitraires, les arrestations, les disparitions et les meurtres perpétrés par des forces militaires et para-militaires, l'école offre aux enfants philippins chrétiens et musulmans, en même temps qu'une éducation d'excellente qualité, une façon de vivre et une relation à l'autre plus positives. 

Mes collègues jésuites et les professeurs laïcs de l'Alteneo de Zamboanga le confirment depuis ses débuts, l'Ecole de Tolérance Philippine et Turque a entretenu un très bon niveau de contact et de coopération avec les institutions chrétiennes de la région.

Depuis ce temps, j'ai eu l'occasion de visiter d'autres écoles et de discuter de la politique d'éducation avec le personnel enseignant et administratif. La force de leur programme en sciences, en informatique et en langues étrangères se montre dans leurs nombreux succès aux olympiades universitaires. Dans un collège à Bishkek, j'ai parlé à un groupe d'élèves kirghizes de 5ème pendant une demi-heure. A la fin de mon discours, le professeur demanda à ses élèves d'identifier les éléments de prononciation et de vocabulaire qui prouvaient que je parlais un anglais américain et non pas britannique. A mon grand étonnement, les enfants n'ont eu aucun mal à faire cet exercice.

Je m'étais attendu à trouver un environnement et un programme scolaire dont le contenu serait plus explicitement islamique. Quand je me suis enquis de l'étonnante absence de ce qui m'aurait semblé être une part compréhensible d'un projet d'éducation d'inspiration religieuse, on m'a répondu qu'en raison de la nature plurielle du corps étudiant - chrétiens et musulmans à Zamboanga, ainsi que bouddhistes et hindous au Kirghizistan - ils cherchaient seulement à communiquer des valeurs universelles telles que l'honnêteté, l'assiduité, l'harmonie et le service consciencieux, et non pas une instruction confessionnelle.

Ces rencontres m'ont poussé à étudier les œuvres de Fethullah Gülen afin de vérifier la motivation et les principes d'éducation qui entourent ces écoles et pour découvrir les propres techniques de Gülen qui ont fait de lui un éducateur capable d'inspirer les autres avec sa vision.

La vision de l'éducation de Fethullah Gülen

Durant les décennies qui suivirent la création de la République turque, beaucoup de musulmans turcs ont critiqué le soi-disant programme de «modernisation» entrepris par le gouvernement parce qu'il adoptait aveuglément ce qu'il y avait de mieux comme ce qu'il y avait de pire dans la civilisation européenne. Ils n'ont pas vu la laïcisation comme une simple conséquence secondaire et involontaire du processus de modernisation, mais plutôt comme le résultat conscient d'un parti pris contre la religion. Ils soutiennent que la présomption inexprimée qui sous-tend les réformes de modernisation a été une conviction idéologique selon laquelle la religion serait un obstacle au progrès et devrait donc être exclue de la sphère publique de la société, de l'économie et de la politique si l'on veut que la nation progresse. Les lignes de combat tracées pendant les décennies qui suivent l'établissement de la République, et renforcées par des systèmes d'éducation concurrents, ont fait du débat religion/laïcité en Turquie un débat dans lequel on attendrait presque que chaque penseur déclare son allégeance.

L'une des raisons pour laquelle, à mon avis, Fethullah Gülen a souvent été attaqué par les gens de «droite» comme de «gauche», par les «laïcs» comme par les «religieux», est précisément parce qu'il a refusé de prendre parti sur cette question qu'il considère comme une impasse. Au lieu de cela, il offre une approche axée sur le futur grâce à laquelle il espère dépasser le débat qui a cours. La solution de Gülen est d'affirmer l'objectif voulu de modernisation promulgué par la République turque, mais en montrant qu'un processus de modernisation vraiment efficace doit inclure le développement de la personne tout entière. En termes pédagogiques, il doit prendre en compte les priorités des divers courants scolaires existants et les incorporer dans un nouveau style d'éducation qui correspondra aux nouvelles exigences du monde actuel.

Cela est très différent des projets réactionnaires qui cherchent à faire revivre ou à restaurer le passé. Réfutant que l'éducation offerte dans les écoles en question associées à son nom soit une tentative de rétablissement du système ottoman ou de restauration du califat, Gülen réaffirme avec insistance: «S'il n'y a pas d'adaptation aux nouvelles conditions, le résultat sera l'extinction.»[3]

Malgré la nécessité de modernisation, estime-t-il, toute rupture radicale avec le passé comporte des dangers. Coupé des valeurs traditionnelles, les jeunes risquent d'être éduqués sans aucune valeur exceptée celle du succès matériel. Les valeurs immatérielles comme la profondeur des idées et des sentiments, la clarté de la pensée, l'appréciation culturelle ou encore l'intérêt à la spiritualité tendent à être esquivés dans les entreprises d'éducation moderne qui visent surtout à produire en masse des fonctionnaires d'un système de marché global.[4]

De tels étudiants sont peut-être bien préparés pour exercer une profession, mais ils n'auront pas la formation intérieure nécessaire pour atteindre la vraie liberté humaine. Les leaders aussi bien dans les domaines économiques que politiques favorisent l'éducation «sans valeur» axée sur l'emploi parce que cela leur permet de contrôler plus facilement les cadres «formés mais non éduqués». Gülen affirme que si vous désirez avoir le contrôle sur les masses, il suffit de les priver du savoir. Les gens ne peuvent fuir une telle tyrannie qu'à travers l'éducation. Le chemin de la justice sociale est pavé d'une éducation adéquate et universelle, car c'est la seule chose qui donnera la compréhension et la tolérance nécessaires au respect des droits d'autrui.[5] Ainsi, selon Gülen, ce n'est pas seulement l'établissement de la justice qui est entravée par l'absence d'une éducation harmonieuse, mais aussi la reconnaissance des droits de l'homme et les attitudes d'acceptation et de tolérance envers les autres. Si les gens sont correctement éduqués pour pouvoir bien penser et pour épouser les valeurs positives de la justice sociale, des droits de l'homme et de la tolérance, ils seront capables d'apporter des changements pour mettre en application ces desseins bénéfiques.

S'il faut réformer l'éducation, alors la formation des enseignants ne doit pas être oubliée. Gülen remarque que «l'éducation est différente de l'enseignement. La plupart des êtres humains peuvent devenir des enseignants, mais le nombre d'éducateurs est très limité.»[6] La différence entre les deux réside dans le fait que, si l'enseignant et l'éducateur transmettent tous deux des informations et enseignent des techniques, seul l'éducateur est apte à faire émerger la personnalité de l'élève, à stimuler sa pensée et sa réflexion, à l'aider dans la construction de son caractère et à lui permettre d'intérioriser des qualités d'autodiscipline, de tolérance et un sens de la mission. Il décrit ceux qui n'enseignent que pour recevoir un salaire, sans aucun intérêt pour la formation du caractère de l'élève comme «l'aveugle guidant l'aveugle».

Le manque de coordination ou d'intégration parmi les divers systèmes d'éducation concurrents et antagonistes ont donné le jour à ce que Gülen appelle «une lutte amère qui n'aurait jamais dû exister: la science contre la religion.»[7] Cette fausse dichotomie, qui pendant les XIXe et XXe siècles a occupé l'esprit des savants, des chefs religieux et des politiciens des deux camps du débat, a résulté en la bifurcation des méthodes et des philosophies pédagogiques. Les éducateurs laïcs modernes ont vu la religion, au mieux, comme une perte de temps inutile, et au pire comme un obstacle au progrès. Parmi les savants religieux, le débat a mené au rejet de la modernité et à voir la religion «en tant qu'idéologie politique plutôt que religion dans son vrai sens et selon sa vraie fonction.»[8] Il pense que grâce à un processus d'éducation dans lequel les savants religieux auraient une formation solide en sciences et les scientifiques seraient exposés aux valeurs spirituelles et religieuses, le «long conflit science/religion prendra fin ou tout au moins que son absurdité sera reconnue.»[9]

Pour que cela se réalise, il rappelle la nécessité d'un nouveau style d'éducation «qui fusionnera le savoir religieux, les connaissances scientifiques, la moralité et la spiritualité afin de produire des gens véritablement éclairés avec des cœurs illuminés par les sciences religieuses et la spiritualité, et des esprits illuminés par les sciences positives», des gens qui se consacreront à vivre selon les valeurs morales et les qualités humaines et qui seront aussi «conscients des conditions socio-économiques et politiques de leur époque».[10]

Plusieurs termes sont récurrents dans les écrits de Gülen sur l'éducation et doivent être clarifiés afin d'éviter tout malentendu. Le premier est celui de «spiritualité» ou encore de «valeurs spirituelles». D'aucuns pourraient y voir un code signifiant en fait «religion», qui serait employé en vue de neutraliser les préjugés envers la religiosité dans les sociétés sans foi d'aujourd'hui. Pourtant, il est clair que Gülen utilise ce terme dans un sens plus large. Pour lui, la spiritualité comprend non seulement les enseignements spécifiquement religieux, mais aussi l'éthique, la logique, la santé psychologique et la richesse des sentiments. Parmi les mots-clés de ses écrits on trouve également «compassion» et «tolérance». C'est la tâche de l'éducation d'inculquer de telles qualités «non-quantifiables» aux élèves, tout en les formant dans les disciplines scientifiques dites «exactes».

D'autres termes aussi très souvent utilisés par Gülen doivent être examinés de plus près. Il parle régulièrement d'un besoin de valeurs «culturelles»[11] et «traditionnelles»[12]. Son appel à l'introduction de telles valeurs dans l'éducation a été interprété par les critiques comme un appel réactionnaire pour un retour à la société ottomane d'avant la République. Il a été accusé d'être un irtidjâjî, ce qui pourrait être traduit dans le contexte turc par «réactionnaire rétrograde» ou «fondamentaliste». C'est une accusation qu'il a toujours démentie. Défendant sa position, il dit: «Le mot irtidjâ' signifie retourner dans le passé ou ramener le passé dans le présent. Je suis quelqu'un qui a choisi comme but l'éternité, pas seulement le lendemain. Je m'intéresse à l'avenir de notre pays et j'essaie de faire de mon mieux pour le servir. Que ce soit dans mes paroles dites ou écrites ou dans mes activités, je n'ai absolument rien à voir avec l'idée de faire reculer mon pays. Et personne ne peut qualifier d'irtidjâ' la croyance en Dieu, le culte, les valeurs morales et les sujets qui s'y rapportent.»[13]

En proposant des valeurs culturelles et traditionnelles, il semble regarder le passé de la Turquie comme une longue et lente accumulation de sagesse qui a toujours beaucoup à offrir aux gens d'aujourd'hui, et beaucoup de choses dans la sagesse traditionnelle sont encore pertinentes et appropriées aux besoins des sociétés actuelles. C'est en raison de l'accumulation d'une telle sagesse qu'on ne doit pas rejeter le passé. Par ailleurs, toute tentative de reconstruire le passé montrerait un manque de vision et serait vouée à l'échec. On pourrait dire que Gülen, tout en rejetant les efforts pour rompre avec le passé, rejette également les efforts de rétablissement ou de re-création d'une société pré-moderne.

La tendance parmi les réformateurs modernes de «se libérer des chaînes du passé» est selon Gülen plus ou moins une grâce. Ces éléments de notre héritage qui étaient opprimants, stagnants ou qui avaient perdu leur inspiration et leurs sens d'origine doivent évidemment être remplacés, mais les éléments libérateurs et humanistes doivent être réaffirmés si l'on veut que de nouvelles générations puissent construire un meilleur avenir. Il est clair que sa pensée n'est pas limitée par des débats internes sur les directions politiques en Turquie, ni même sur le futur des sociétés islamiques. Sa vision de l'éducation est telle qu'elle englobe toutes les sociétés à travers le monde entier. Il veut former des réformateurs qui soient renforcés par un système de valeurs qui prenne en compte les aspects à la fois matériels et immatériels de l'humanité. Il dit: «Ceux qui veulent réformer le monde doivent d'abord se réformer eux-mêmes. Afin de pouvoir ramener les autres sur le chemin qui mène à un monde meilleur, ils doivent purifier leur monde intérieur et le purger de toute haine, rancœur et jalousie, et orner leur monde extérieur de toutes sortes de vertus. Ceux qui sont à mille lieues de l'autodiscipline et de la maîtrise de soi et qui n'ont pas réussi à raffiner leurs sentiments, peuvent parfois sembler attirants au premier abord. Cependant, ils ne seront pas capables d'inspirer les autres de façon durable et les sentiments qu'ils auront pu éveiller disparaîtront bien vite.»[14]

Gülen affirme: «Une personne n'est vraiment humaine que si elle apprend, enseigne et inspire les autres. Il est difficile de considérer comme vraiment humain quelqu'un qui est ignorant et qui n'a pas de désir d'apprendre. On peut aussi se demander si un érudit qui ne se renouvelle ni ne se réforme pour pouvoir être un exemple est vraiment humain.»

Fethullah gülen en tant qu'enseignant d'islam

Le sujet central de cet article a été Fethullah Gülen comme éducateur. Son rôle en tant que savant et enseignant de religion est un autre sujet qui mérite que l'on s'y attarde, tout comme le mérite l'étude de sa pensée religieuse en tant qu'interprète moderne de l'islam. De tels sujets dépassent les limites de cet article. Cependant, une étude de sa vision de l'éducation resterait incomplète sans jeter un coup d'œil sur ses écrits concernant l'islam.

Parmi la trentaine de livres de Gülen, certains sont des compilations de discours et de sermons qu'il a prononcés devant des étudiants et des fidèles. D'autres sont des réponses aux questions que lui ont posé des étudiants. Le reste de ses œuvres couvre des études sur la vie du Prophète Mohammed, une introduction au soufisme, le traitement des questions traditionnellement soulevées par les sciences du kalâm, et des élaborations de thèmes essentiels de la foi islamique. Ces études ne visent pas les spécialistes mais un public plus large de musulmans instruits.

Que peut-on dire de l'approche personnelle de Fethullah Gülen à l'interprétation des sources islamiques et de la tradition? La première chose qui frappe le lecteur est son insistance sur la moralité et les vertus morales qu'il semble mettre en exergue comme étant plus centrales à l'allant religieux inspiré par le Coran que la pratique rituelle. Tout en affirmant le besoin du culte rituel, Gülen considère la droiture éthique comme étant au cœur de l'élan religieux. «La moralité, affirme-t-il, est l'essence de la religion et une part fondamentale du message divin. Si être vertueux et avoir une bonne moralité c'est être héroïque - et ça l'est -, les plus grands héros sont premièrement les prophètes, puis ceux qui les ont suivis avec sincérité et dévotion. Un vrai musulman est quelqu'un qui pratique une moralité vraiment universelle et donc musulmane.» Il étaye son argument en citant un hadith de Mohammed qui dit: «L'islam consiste en une bonne moralité; j'ai été envoyé pour parfaire et compléter la bonne moralité.»[15]

Les divers aspects du style de vie islamique sont tous censés marcher ensemble afin de produire un individu honorable et d'une droiture irréprochable. Dans le sens large du terme islâm ou soumission de sa vie à Dieu, on peut dire que les écoles créées par le mouvement associé à Fethullah Gülen tirent leur inspiration d'une vision éthique qui s'enracine dans les sources de l'islam mais ne se limite pas dans son expression aux membres de la oumma [ensemble de la communauté des musulmans]. Quand Gülen parle de former des étudiants «dévoués à vivre selon des qualités humaines et des valeurs morales» qui «ornent leur monde extérieur avec toutes sortes de vertus», il propose une sorte de code éthique universel que lui, en tant que musulman, a appris de l'islam. Il est également évident qu'il ne considère pas les vertus, les qualités humaines et les valeurs morales comme étant l'exclusivité des musulmans, puisque les élèves non musulmans sont aussi accueillis dans ces écoles sans que celles-ci n'essaient de les convertir.

La religion de l'islam est ainsi comprise comme un «moyen de mener une personne à la perfection ou de lui permettre de réacquérir son statut angélique originel.»[16] Si l'islam est vu comme une voie vers la perfection morale, on doit considérer le tasawwuf (soufisme) comme un développement naturel et inévitable au sein de la tradition islamique. Gülen propose une définition éthique du soufisme comme «l'effort continu de se débarrasser de toutes sortes de mauvaises maximes et de mauvais comportement et d'acquérir des vertus.»[17] Il loue les soufis, dans l'histoire islamique, comme étant des guides spirituels qui ont montré à des générations de musulmans comment suivre ce chemin de la perfection humaine.

Une telle lecture positive de la tradition mystique soufie a vite fait de lui attirer les foudres de certains, le soupçonnant d'avoir créé dans son mouvement un genre de tariqat néo-soufi. Tout en niant qu'il ait jamais fait partie d'une tariqat et encore moins qu'il ait jamais fondé son propre ordre néo-soufi, Gülen rappelle que condamner le soufisme, la dimension spirituelle de l'islam, équivaut à s'opposer à la foi islamique elle-même. Il déclare: «J'ai maintes fois déclaré que je n'étais pas membre d'un ordre religieux. En tant que religion, l'islam s'attache tout naturellement au domaine spirituel. Il prend comme principe de base la discipline de son ego. L'ascétisme, la piété, la bonté et la sincérité y sont essentielles. Dans l'histoire de l'islam, la discipline qui s'est le plus attardée sur ces sujets a été le soufisme. S'opposer à lui serait s'opposer à l'essence de l'islam. Mais je le répète, de même que je n'ai jamais rejoint d'ordre soufi, je n'ai jamais eu de lien quelconque avec eux.»[18]

Résumé d'un article présenté par Dr. Thomas Michel, Secrétaire Général du Département du Vatican pour le Dialogue Interreligieux, dans le "Fethullah Gülen Symposium" (Georgetown University, avril 2001). Réimprimé avec permission.


[1]Pearls of Wisdom (Izmir: Kaynak, 1998), 1:36.

[2] Lynn Emily Webb, Fethullah Gülen: Is There More to Him Than Meets the Eye?, 106.

[3] Webb, Fethullah Gülen, 86.

[4]Towards the Lost Paradise, 16.

[5] "M. Fethullah Gülen: A Voice of Compassion, Love, Understanding and Dialogue," Introduction sur M. Fethullah Gülen, "The Necessity of Interfaith Dialogue: A Muslim Approach," présenté au Parlement des Religions du Monde, Le Cap, Afrique du Sud, Déc. 1-8, 1999.

[6]Pearls of Wisdom, 1:36.

[7]  "The Necessity of Interfaith Dialogue," 39.

[8] ibid., 20.

[9] ibid., 39.

[10] ibid.

[11] Cf., "On accorde trop peu d'attention et d'importance à l'enseignement des valeurs culturelles, bien qu'elles soient essentielles à l'éducation. Si un jour nous arrivons à leur accorder l'importance qui convient, nous aurons atteint un objectif capital." Pearls of Wisdom, 1:35.

[12] Cf. Towards the Lost Paradise, 16, et Pearls of Wisdom, 1:44-45.

[13] Webb, Fethullah Gülen, 95.

[14] "The Necessity of Interfaith Dialogue," 30.

[15]Towards the Lost Paradise, 30.

[16]Prophet Muhammad: The Infinite Light, 2:153-54.

[17]Key Concepts in the Practice of Sufism, 1.

[18] Webb, Fethullah Gülen, 102-3.

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