Pouvons-nous choisir nos actions?

En se fondant sur le verset ci-dessus, il semble que Dieu nous contrôle. Cependant, le Coran indique que Dieu nous a donné la raison, l'intelligence et le libre arbitre pour que nous puissions choisir le bon ou le mauvais chemin. Comment réconcilier ces deux idées?

Le mot arabe hidaya est habituellement traduit par « guidance ». Mais il a aussi d'autres sens : la rectitude, le droit chemin, le chemin de l'islam, et la voie de ceux auxquels Dieu a accordé ses bénédictions. Le mot arabe dhalala est habituellement traduit par « égarement ». Parmi ses autres sens : la corruption, l'erreur, la voie de ceux qui adhèrent constamment aux fausses croyances et enfreignent volontairement la loi de Dieu, et ceux qui refusent d'écouter la vérité et qui s'égarent donc à cause de leur insouciance ou négligence.

Le fait d'être guidé ou égaré se rapporte à Dieu et dépend de Sa Volonté. Il crée la hidaya pour manifester Son Nom al- Hadi (Celui qui guide) et la dhalala pour manifester Son Nom al-Moudhil (Celui qui égare). Il crée, ou dit autrement, Il permet ou accorde la guidance ou l'égarement. Cela ne signifie pas qu'Il mène quelqu'un au droit ou au mauvais chemin. Le fait d'être guidé ou égaré résulte de nos propres intentions et actions, cela étant la conséquence de nos attitudes et de nos inclinations. Cela n'a rien à voir avec une prédestination arbitraire.

L'on peut recevoir la guidance grâce à diverses actions : fréquenter les mosquées ; écouter le Coran, les sermons ou les conférences ; réfléchir sérieusement à la signification des versets du Coran ; passer son temps avec des personnes pieuses ; écouter les conseils des guides spirituels et des professeurs de religion qui sont sincères, et essayer de bénéficier de leur pureté et de leur noblesse de caractère ; et réfléchir sur la vraie nature de la vie et de la mort. De telles pratiques mènent à l'éveil mental et spirituel. Si vous commencez à faire ces choses, aussi insignifiantes qu'elles puissent paraître, Dieu les accepte comme des moyens de vous accorder la guidance. C'est donc Dieu qui guide, mais l'individu qui amorce le processus. Mais si vous fréquentez des endroits tels que les bars, les discothèques ou autres lieux que l'islam désapprouve, en réalité vous demandez à être égarés. Si Dieu le veut, Il vous laissera vous égarer. S'Il ne le veut pas, Il vous sauvera d'une telle destinée par tous les moyens qu'Il souhaite.

Notre contribution dans la détermination de notre guidance ou de notre égarement est infime. Si nous suivions l'égarement, Dieu crée les résultats à partir de nos propres actions selon les lois de la causalité qu'Il a décrétées pour Sa création. Notre libre choix des actions qui nous mèneront à l'égarement, en dépit des avertissements et des instructions que nous recevons, est une condition nécessaire pour notre responsabilité morale. Plus tard, selon Sa volonté, Dieu nous punira ou nous pardonnera.

Considérez cet exemple. Quand vous écoutez le Coran ou un sermon, ou quand vous lisez quelque chose sur l'islam, vous éprouvez certains sentiments, une sorte d'illumination et d'élévation intérieure. Cependant, quelqu'un qui habite près d'une mosquée pourrait considérer l'appel à la prière, les sermons et les prières quotidiennes comme sources d'irritation et se plaindre qu'ils sont une perturbation et une nuisance publiques. Dans les deux cas, Dieu utilise nos réactions et nos inclinations pour créer et permettre les résultats nécessaires, complètement dépendant de Sa Volonté, qui peuvent découler de notre réaction.

Considérez un autre exemple. Quand nous mangeons et buvons, toutes sortes de nutriments, les protéines, les vitamines, les glucides et ainsi de suite, sont envoyées dans les parties de notre corps où elles sont nécessaires. Le seul désir de se nourrir ou l'acte de placer la nourriture dans sa bouche n'assure pas l'alimentation. D'abord les facultés nécessaires pour identifier et mettre la nourriture dans la bouche, une coordination complexe de l'activité du cerveau et des muscles, doivent être engagées et opératoires. Aucun de ces processus n'est contrôlé consciemment ou ressenti par l'individu. Puis, quand la nourriture entre dans la bouche, les glandes salivaires se mettent en marche. Les données sur le goût et la saveur sont transmises au cerveau, où elles sont traitées puis dirigées vers l'estomac, l'informant de la combinaison précise des substances chimiques nécessaires pour digérer cette nourriture donnée et la transformer en nutrition. Et ceci n'est que le commencement !

Puisque nous n'avons aucun contrôle conscient sur le processus d'alimentation de notre propre corps, nous ne pouvons pas dire : « J'ai mis la nourriture dans ma bouche, j'ai tout prévu et arrangé pour le repas, je l'ai digéré et distribué là où il y en avait besoin, et j'ai réglé la température de mon corps de façon à ce que tout fonctionne correctement et efficacement. Et j'ai fait tout ça tout seul ! » Penser ainsi ne reviendrait-il pas à s'attribuer les actions de Dieu? Nous devons admettre la réalité : « Quand je mets la nourriture dans ma bouche, des processus extraordinaires sont enclenchés. Une main invisible et puissante met en marche ces processus aussi longtemps que nécessaire. Celui qui commence et qui maintient tous ces processus est Dieu ».

En dirigeant notre volonté et nos inclinations vers la Guidance Divine, nous pouvons nous avérer capables et dignes d'être guidés. Par exemple, je désire ardemment parler de la religion avec profondeur et aisance, exprimer ce que je ressens au fond de mon coeur si bien que l'audience puisse être touchée et en bénéficier – mais je n'arrive pas à réaliser ce que je veux, et voilà tout ce que je peux faire. Je souhaite transmettre la loi coranique et les commandements de Dieu avec des mots persuasifs et sincères – mais parfois je bloque et je reste muet. J'aspire à être totalement transporté par l'extase de la prière et à me débarrasser de tous les soucis matériels durant la prière – mais j'arrive à peine à accomplir une seule prière sur mille de cette manière. En somme, je contribue par un souhait sincère ou par une volonté, même s'il se peut que je n'atteigne pas mon objectif. La réalisation de celui-ci appartient au Tout-Puissant.

L'amour et le plaisir de la foi, le désir ardent du Paradis et l'inclination vers le contentement et la soumission à tout ce qui vient de Dieu, sont des dons que Dieu seul peut placer dans notre coeur et notre âme. Nous choisissons et nous montrons une inclination, et Dieu accepte et accorde Ses bénédictions et Sa guidance. Saduddin Taftazani a dit : « La foi est une flamme que Dieu allume dans l'âme de quelqu'un suite à son utilisation de son libre arbitre ». Afin d'obtenir une si grande faveur, nous devons donc utiliser notre libre arbitre. Vous appuyez sur un bouton et votre vie est éclairée. Ce qui semble être un petit effort de volonté, cette inclination vers la foi, devient le moyen d'acquérir la guidance et d'être éclairé par la Lumière Divine.

Certains peuvent se demander : Si Dieu laisse s'égarer qui Il veut et guide qui Il veut (74 : 31), comment se fait-il qu'Il appelle Ses serviteurs à rendre compte de leurs oeuvres?

Nous ne pouvons pas attribuer le mal à Dieu, car cela provient de nous-mêmes : Tout bien qui t'atteint vient de Dieu, et tout mal qui t'atteint vient de toi-même. (4 : 79) Nous n'avons que nous-mêmes à blâmer de ce que nous souffrons, car Dieu ne saurait léser personne, fût-ce du poids d'un atome. (4 : 40) Ce qui nous arrive repose sur nos choix et nos actions, et s'accorde avec la loi de la causalité que Dieu a décrétée pour Sa création. Ainsi, ceux qui adhèrent constamment aux fausses croyances et refusent d'écouter et d'obéir aux commandements Divins perdent peu à peu la capacité de percevoir la vérité, jusqu'à ce que leurs coeurs soient scellés. Puisque Dieu a institué ces lois, l'action de sceller les coeurs et d'égarer lui est attribuée. Mais en réalité, cela est la conséquence du libre arbitre et de l'inclination de la personne elle-même. Un tel sort n'est ni prédestiné ni injuste.

Le bonheur dans l'Au-delà est la conséquence naturelle de notre effort pour atteindre la droiture et la sagesse spirituelle pendant que nous sommes en vie : Il ne suscite l'égarement que des pervers, qui rompent le pacte qu'ils avaient fermement conclu avec Dieu, coupent ce que Dieu a ordonné d'unir, et sèment la corruption sur terre. (2 : 26-27). Dieu ne suscite pas l'égarement des gens, à l'exception de ceux qu'Il sait (d'avance) qu'ils refuseront de chercher la foi. Ici susciter l'égarement signifie que Dieu abandonne l'individu à lui-même et lui retire Ses bénédictions. Dieu peut abandonner quelqu'un qu'Il sait qu'il choisira de nier la vérité et de persister dans la dénégation. Mériter Sa bonne grâce et Ses bénédictions ou mériter leur retrait dépend de notre libre arbitre, et de rien d'autre.