Sa sagesse

Les leaders gagnent l'amour et la confiance de leurs peuples et sont suivis d'eux dans la mesure de leur capacité à résoudre leurs problèmes. Ceux-ci peuvent être d'ordre personnel ou public, ou liés à la vie privée d'un individu, ou aux affaires sociales, économiques et politiques de la communauté.

Certains leaders ont recours à la force et à la terreur, ou aux sanctions et aux peines (comme l'exil, l'emprisonnement, la perte de la citoyenneté), à la torture, ou à l'espionnage dans les affaires privées pour résoudre les problèmes. Mais de telles pratiques n'ont que des avantages à court terme. De plus, ils créent un cercle vicieux dans lequel plus les gens s'efforcent de régler ces problèmes par de tels moyens, plus ils s'empêtrent dans ces problèmes.

Le Messager résolvait tous les problèmes avec tant de facilité et d'habileté que personne ne le défia. Bien que son peuple fût par nature querelleur, ignorant, sauvage et rebelle, il leur apporta un Message qui était si grave que Si Nous avions fait descendre ce Coran sur une montagne, tu l'aurais vue s'humilier et se fendre par crainte de Dieu. (59:21) Il les transforma en une communauté harmonieuse de paix, de bonheur, de savoir et de bonne moralité. Réfléchissez longuement sur les utopies imaginées en Occident, comme La République (Platon), Utopie (Thomas Moore) et Civitas Solis (T. Campanella), et vous verrez que, en essence, ils rêvaient de Médine à l'époque du Prophète Mohammed. L'humanité n'a plus jamais été témoin d'une société pareille.

Dans le chapitre 4 de ce livre, nous avons décrit comment il avait empêché une guerre tribale imminente entre les Qoraïchites tandis qu'ils réparaient la Ka'ba[1], et comment il prévint un éventuel désastre après la Bataille de Hunayn.[2] En outre, il résolut très adroitement un conflit qui était sur le point d'éclater entre les Émigrés et les Ansars, quand il rentrait du combat contre les Banu Mustaliq. Quand un affrontement interne s'annonçait tandis qu'ils faisaient halte au bord d'un puits, le Messager donna l'ordre de se remettre en route sur-le-champ.


[1] Chaque clan revendiquait l'honneur de remettre la Pierre Noire sacrée à sa place. Prié de résoudre ce problème par la tribu, le futur Prophète de l'islam étendit son manteau par terre et, y posant la Pierre Noire sacrée, invita les chefs des quatre grands clans qui étaient chargés de réparer la Ka'ba à tenir chacun l'un des coins du manteau. Quand ils élevèrent la Pierre Noire jusqu'à l'endroit où elle devait être insertée, il la prit et la remit fermement à sa place.

[2] Certains Ansars n'étaient pas contents de la division du butin par le Prophète après la bataille, qui eut lieu peu après que La Mecque fut conquise. Le Prophète avait donné de grandes parts aux nouveaux musulmans mecquois pour affermir leur foi. Pour éviter une division communautaire, il appela les Ansars à se rassembler et leur rappela ce qu'il leur avait apporté, comment ils l'avaient reçu, et qu'ils seraient toujours à leurs côtés. Quand il leur demanda s'ils voulaient toujours le butin, ils  répondirent en choeur que tout ce qu'ils voulaient était qu'il reste avec eux.