Premières expériences sur la voie du dialogue et de la réconciliation

Au départ, Fethullah Gülen entreprit une série de répétitions pour ce qui allait devenir un vaste projet qui se transformerait en un dialogue entre les religions et les civilisations en Turquie, rassemblant des personnes représentant différentes pensées et différents modes de vie. Des gens appartenant à des camps politiques et idéologiques différents et qui s'étaient combattus physiquement dans les années 1960 et 1970, et au niveau intellectuel et social dans les années 1980, trouvaient désormais l'occasion de se rassembler dans ces réunions et invitations amicales. Peut-être que beaucoup étaient confrontés l'un à l'autre en contact direct pour la première fois. Des gens qui s'étaient peut-être menacés avec une arme, ou du moins avaient dirigé différents groupes de jeunesse politique, mangeaient désormais à la même table et échangeaient des plaisanteries. Les premiers rassemblements n'allèrent pas plus loin que des réunions courtoises. Sans nul doute, tous ressentaient malgré tout l'enthousiasme de poser les fondations intellectuelles, philosophiques et sociales de ce rapprochement. Cette vague d'excitation déboucha bientôt sur les importantes « Réunions d'Abant » puis sur la création du « programme de dialogue d'Abant » dans le cadre d'une action scientifique, universitaire et intellectuelle. Ces réunions ne consistaient plus à simplement se tenir poliment compagnie. Un ensemble d'intellectuels et de leaders de différentes universités du pays, de différents champs d'étude, et de différentes tendances intellectuelles, étaient ici rassemblées pour nouer des liens et dialoguer. La lutte continuait maintenant en totalité sur un plan d'action scientifique et intellectuel. Ces personnes, qui étaient de tendances culturelles, idéologiques et politiques différentes, étaient désormais rassemblées dans un grand effort intellectuel pour mieux vivre ensemble et partager un espace à l'intérieur de la Turquie. C'était en effet un projet remarquable et sans équivalent. Dans ce programme, l'initiative de base venait d'abord de Gülen et son équipe, mais cela devint plus tard un programme partagé par des leaders en matière de science, de réflexion, de loi et de politique. En conséquence, Gülen est le président d'honneur de la « Fondation des Journalistes et des Écrivains », l'organisation créée pour gérer et financer ce programme et ses réunions. En d'autres termes, la recherche du dialogue et de la réconciliation a été institutionnalisée grâce à l'initiative d'universitaires et a ainsi gagné une importance significative.